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La destruction du patrimoine culturel de Chypre - Page 2/2

Le pillage du patrimoine culturel de Chypre.

En 1974 la Turquie envahit Chypre et occupe 37 % de l'île. La population grecque qui vit sur la partie nord du territoire est chassée et 165 000 personnes deviennent des réfugiés dans leur propre pays, victimes d’un nettoyage ethnique d’une rare violence, la Turquie organisant le transfert de colons d'Anatolie dans les régions occupées.
Parallèlement, la Turquie poursuit une politique délibérée de destruction et de pillage du patrimoine culturel et historique au nord de Chypre.

En un peu plus de trente ans, 500 églises sont pillées et vandalisées, dont au moins 55 sont transformées en mosquées. 50 autres églises et monastères sont utilisés comme étables, magasins, auberges ou bien sont démolies, comme St Catherine à Gérani, ou Panayia Avgaside à Milia. Environ 20 000 icônes et autres objets du culte sont volés, des dizaines de fresques et de mosaïques sont morcelées et vendues à l'étranger tandis que d'autres sont détruites à jamais. La destruction ne se limite pas au patrimoine Orthodoxe mais concerne l'ensemble symboles religieux visibles sur l'île qu’ils soient Arméniens, Maronites, Catholiques, Protestants ou Israélites.
Dans ce contexte, la République de Chypre déploie des efforts considérables pour récupérer les objets volés mais l'ampleur du trafic d'antiquités chypriotes est, hélas, sans commune mesure.

Grâce à la coopération au sein d'Interpol, plusieurs réseaux de receleurs d'antiquités chypriotes ont été interpelés. Le cas le plus célèbre concerne le turc Aydin Dikmen. La police allemande l'avait arrêté en octobre 1997. Suite à la perquisition de ses locaux à Munich, plusieurs centaines d'objets ont été retrouvés en provenance d'environ 50 églises différentes situées dans la zone sous occupation. Parmi les œuvres les plus connues, il y a les mosaïques du VIe siècle de l'église de Panayia Kanakaria, vendues en partie à un marchand d'art aux États-Unis, ainsi que des fragments de fresques de plusieurs églises du IXe et XIIIe siècle. Le tout étant accompagné de photos des chantiers de pillage et de preuves incontestables de la complicité des autorités d’occupation…

Le rapatriement de plusieurs de ces objets a donné lieu à de longues batailles juridiques, comme l’ont prouvé les discussions liées aux mosaïques de Panayia Kanakaria, tranchées par la justice américaine qui a décidé qu’elles devaient revenir à leur propriétaire légitime…l’église de Chypre !

Des procédures sont toujours en cours et notamment en République Fédérale d'Allemagne pour rapatrier des centaines d'objets volés dans la zone sous occupation.

Cependant, il ne faut pas se voiler la face, c'est une partie du patrimoine mondial qui est menacée de disparition et que seule une mobilisation internationale peut sauver.

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